Atelier Climat
Première table ronde sur le climat
Dans le cadre de notre démarche basée sur une approche scientifique et de nos travaux sur les piliers fondamentaux que sont le développement humain, la biodiversité et le climat, nous menons des réflexions visant à mieux connaître et comprendre les prérequis pour assurer la stabilisation du climat.
Nous avons tenu notre première table ronde sur ce sujet le 19 septembre 2022 avec trois experts :
Pierre BARRÉ, chargé de recherche CNRS, laboratoire de Géologie de l’ENS
Olivier BOUCHER, directeur de recherche CNRS, responsable du Centre de Modélisation du Climat à l’Institut Pierre-Simon Laplace
François-Marie BRÉON, chercheur CEA, laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement à l’Institut Pierre-Simon Laplace
Des éléments de cadrage pour nos travaux futurs
A l’occasion de ce premier atelier, nous avons demandé aux intervenants d’étudier les axes suivants :
- Modèle : Comment prendre en compte les incertitudes des modèles ?
- Température : Quelle température cible est-il réaliste de fixer ? Sur quelle trajectoire d’émissions et de température se placer par rapport à l’Accord de Paris ?
- Captation du CO2 et limitation du rayonnement solaire : quel potentiel pour tenir la cible de température fixée ? Quelles méthodes ou technologies sont éthiquement recevables ?
Sur cette base, les discussions des experts ont permis de définir plusieurs éléments de cadrage pour nos travaux futurs.
Il est impératif de limiter le réchauffement climatique à +2°C
Les modèles et les projections sur l’évolution du climat sont fiables et indiquent que l’objectif de limitation du réchauffement à +2°C est ambitieux mais atteignable.
Dans un contexte où chaque dixième de degré compte et où les impacts du changement climatique s’avèrent plus importants que ce qui avait été anticipé, cet objectif de 2°C doit rester une cible à ne pas dépasser.
En cela, les échanges des experts réunis pour cet atelier font écho aux premiers retours des scientifiques dans le cadre de la COP27. Des mesures sont indispensables pour infléchir les tendances induites actuellement par les engagements des Etats pour rester dans cette limite.
Afin d’y parvenir, une décroissance forte des émissions de gaz à effet de serre est indispensable et les moyens de limiter ces émissions seront étudiés plus en détail dans nos cycles d’ateliers solutions (cycles Mobilité et Aménagement du Territoire, Agriculture et alimentation, Energie).
Pour l’heure, nous nous sommes intéressés aux technologies de captation de CO2. En effet, parmi les technologies mises au point pour contenir le réchauffement planétaire et atténuer ses effets, outre la réduction des émissions, ces techniques semblent les plus efficaces. Voici les approches qui nous ont semblé les plus pertinentes ainsi que les points d’attention que nous avons relevés :
- Le BECCS (Bioenergy with carbon capture and storage), à condition de s’appuyer sur des déchets agricoles et ménagers et ne pas produire des cultures dédiées. Nous notons cependant un besoin de recherches complémentaires pour contrôler les risques d’émissions de polluants au cours du procédé (protoxyde d’azote) ;
- Le DACCS (Direct air capture and carbon storage), cependant, le problème du coût énergétique très élevé (en raison de la très faible concentration du CO2 dans l’air) constitue un frein au recours à cette technique ;
- L’évolution des pratiques agricoles pour favoriser le stockage du carbone dans les sols.
La compétition pour l’usage des sols : un point de tension majeur entre les impératifs du climat, de la biodiversité et du développement humain
Cet atelier a fait ressortir la nécessité de conserver des sols et des zones humides pour faire office de puits et stocker le carbone. Cependant, cet impératif dessine d’ores et déjà une problématique de concurrence pour l’usage des sols entre les solutions visant à stabiliser le climat, une biodiversité florissante (réensauvagement) et le développement humain (agriculture, habitat notamment).
Des pistes de réflexions ont pu être dégagées sur cette question lors des discussions des experts : diminuer la consommation de viande des pays qui en sont très consommateurs et/ou travailler sur la densité agricole avec une meilleure synchronisation des apports d’engrais et l’augmentation des rendements, notamment à l’aide de cultivars plus adaptés.
- ANCRE (Agence Nationale pour la Coopération de la Recherche en Energie), Les puits de carbone : Quels rôles de la recherche pour accélérer leur développement en France, Position paper ANCRE, 18 octobre 2022 : Ce position paper présente des fiches synthétiques sur différentes technologies de Carbone Capture and Storage.
- ARMSTRONG MCKAY, STAAL, LENTON et al., Exceeding 1.5°C global warming could trigger multiple climate tipping points, Science, 9 sep 2022, Vol 377, Issue 6611
- Citepa, association d’évaluation des activités humaines sur le climat et la pollution atmosphérique
- Conseil de l’Union européenne, Communiqué de presse du 11 novembre 2022 “Ajustement à l’objectif de 55% : un accord provisoire fixe des objectifs ambitieux pour l’absorption du carbone dans le secteur de l’utilisation des terres, du changement d’affectation des terres et de la foresterie”
- DE ROCHETTE F. et DE TEMMERMAN G., Technology and innovation : What role in the fight against climate change ?, Zenon Research, 18 octobre 2022
- DE TEMMERMAN G. et DE ROCHETTE F., Elimination du carbone atmosphérique, Zenon Research, 12 juillet 2022
- IEA (International Energy Agency)
- IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change = GIEC), Climate Change 2022 : Impacts, Adaptation and Vulnerability, 27 February 2022, 12th Session of Working Group II and 55th Session of the IPCC; et Climate Change 2022 : Mitigation of Climate Change, 4 April 2022, 14th Session of Working Group III and 56th Session of the IPCC
- KEMP L. et al., Climate Endgame : Exploring catastrophic climate change scenarios, Perspective, Earth, Atmospheric, and Planetary sciences, August 1, 2022, 119 (34) e2109146119