Selon vous, quelle est la mesure à mettre en œuvre pour garantir la souveraineté de l’agriculture en France ?
Il n’existe pas de mesure unique pour garantir la souveraineté de l’agriculture en France. L’histoire nous a appris qu’une pluralité de solutions permet de conserver une marge de manœuvre quant aux aléas ainsi qu’une plus grande adaptabilité. De nouvelles technologies offrent des possibilités réalistes pour regagner la souveraineté alimentaire tout en assurant le bien-être de la population, un usage parcimonieux des terres (qui redonnerait de l’espace aux autres êtres vivants), et une contribution positive à la stabilisation du climat. L’association RePlanet France – les Ecohumanistes mettent ici en avant trois éléments, qui méritent d’être sérieusement considérées par le gouvernement pour créer un cadre législatif favorable à leur développement et leur mise en œuvre en vue d’assurer une alimentation de qualité pour tout le monde sans que cela soit au détriment de la biodiversité ou du climat.
- La fermentation de précision : c’est une technologie basée sur un savoir ancestral – celui de la fermentation. Les connaissances scientifiques ont permis de développer des procédés de fermentation contrôlée et massive en bioréacteur. Il est possible de programmer ou conditionner les microorganismes pour qu’ils produisent des protéines – identiques à des protéines animales- en évitant donc d’avoir recours aux animaux et avec un usage très limité des terres. Pour en savoir plus, le rapport « ReBoot Food » détaille le processus et propose des pistes d’action à suivre pour le gouvernement.
- Les nouvelles technologies d’édition du génome (NGT ou NBT en anglais) peuvent également aider à assurer la sécurité alimentaire. Actuellement, la Commission européenne travaille sur le règlement encadrant cette famille de technologies. Nous conseillons de prévoir dans la loi agricole une autorisation à utiliser cette technologie dans la prochaine décennie. Par exemple, les NGT permettent de mettre au point efficacement des cultivars résistants à certaines maladies, réduisant notablement le recours aux pesticides et améliorant ainsi le rendement.
- Les “systèmes multiperformants, bas carbone et bas intrants, […] mobilisant les principes de l’agroécologie” (d’après INRAE) sont des modalités de production alimentaire qui préservent les ressources (eau et sols en particulier) et favorisent – pour s’y appuyer- une riche biodiversité. La diversité des cultures qu’impliquent de telles pratiques est un autre facteur de résilience.
Ces solutions nécessitent des réflexions à plusieurs niveaux et surtout une prise en compte globale, tout autant que locale, des enjeux afin d’assurer une cohérence et une solidarité entre les territoires Français, Outre-mers incluses. Dans un monde instable, il est important de maintenir ouverte la porte aux développements de nouvelles technologies, telles que les NBT par exemple. Ces dernières, comme d’autres, devraient faire l’objet d’une information aux citoyens quant à l’état de l’art des connaissances (à la manière de la formation délivrée aux citoyens de la CCC). Les résultats de l’enquête longitudinale « Les Français et la science » (CNRS) confirment que les Français ont un grand intérêt pour ce type de questions.